Voici une réflexion et un rapport critique de ma conception initiale de la culture. On apprend beaucoup de choses en INT-201!
Depuis les États généraux de 1996, bien des choses ont changées dans l’approche québécoise de l’éducation. Selon Simard (2002) [1], une des orientations qui ont été explicitées dans le document de référence L’école tout un programme (1997) est d’inclure davantage la culture dans la formation des élèves. Cela signifie une adaptation de la part des enseignants, qui doivent être bien plus que des spécialistes de leur matière. C’est pourquoi, en tant que future enseignante, mon rapport à la culture aura un grand impact sur qualité de mon enseignement. Dans le cadre du cours Approche culturelle et projets en partenariat, j’ai fait un schéma qui représentait ma conception de la culture avant d’assister à ce cours. Elle a bien changée suite à plus d’un mois de cours et à de nombreuses lectures qui l’ont grandement enrichie. Je présente donc un nouveau schéma qui tient compte de cette évolution en plus de faire le point sur ma nouvelle perception de la culture.
D’abord,
j’ai appris à mettre les mots justes sur deux catégories de la culture, soit la
culture première et la culture seconde. La culture première, selon Simard, Falardeau, Émery-Bruneau et Côté (2007)[2],
correspond à ce que l’on intègre de notre environnement, de notre famille et de
la société dans laquelle on évolue. C’est une interprétation spontanée du
monde. C’est la culture personnelle et unique que chaque élève porte lorsqu’il
arrive à l’école pour la première fois. Toujours selon Simard et al (2007)[3],
la culture seconde est une culture « réfléchie » et choisie. C’est ce
qui nous est transmis à l’école : la littérature, les sciences et les
différentes disciplines artistiques. Gauthier (2001) résume bien ce concept en
le définissant comme « l’ensemble des œuvres produites par l’humanité pour
se comprendre elle-même[4] ».
La culture seconde nous permet donc de se distancier de notre culture première
et d’y jeter un regard critique. Graduellement, cette culture acquise
s’intégrera à la culture première de l’individu. La tâche de l’enseignant est
donc d’arracher les élèves à leur culture première et de transmettre cette
fameuse culture seconde. Gaultier (2001) souligne un des défis qu’aura à
relever l’enseignant : les élèves ont des cultures premières extrêmement
différentes. Le rôle de l’enseignant est donc aussi « [d’]entrer en relation
avec eux pour qu’ils établissent un nouveau rapport au monde, à eux-mêmes et à
autrui et deviennent des êtres cultivés[5] ».
Ces deux catégories de cultures définissent la culture comme un objet selon
Simard et al (2007). Selon ces mêmes auteurs, on peut la définir comme un
rapport. La culture est aussi une relation dynamique entre l’individu et le
monde dans lequel il évolue. D’un point de vue plus pédagogique, les mêmes
auteurs définissent quatre rapports que peuvent avoir les élèves à la culture
(influencés par les types d’enseignements). D’abord, il y a le type scolaire,
qui caractérise un enseignement intégrant peu la culture qui ne correspond pas
au cursus scolaire. L’enseignant détient les connaissances et dispense sa
matière aux élèves qui sont peu actifs. La culture semble fixe aux élèves. Il y
a ensuite le type instrumentaliste. On peut l’associer à un enseignant qui se
sert de la culture pour enrichir sa matière et intéresser ses élèves. Il place
ainsi la matière dans un contexte et la rend pertinente aux yeux de l’élève. Il
considère que l’élève a une culture première et la relie aux apprentissages. Le
rapport à la culture peut aussi être intégratif-évolutif. Dans ce cas, l’élève
s’approprie la culture et la perçcoit comme un rapport dynamique. Il construit
sa culture plutôt que d’assimiler celle d’un autre. Les enseignants que l’on peut
associer à ce type de conception considèrent la culture comme un échange avec
l’élève qui participe activement à ses apprentissages. Enfin, le type
d’enseignants associés à un rapport désimpliqué n’intègre que très peu la
culture à son cours. Il se limite à transmettre une matière décontextualisée.
Les élèves qui ont ce rapport à la culture ont de la difficulté à la définir.
Un enseignant ne devrait pas être qu’un détenteur des connaissances, mais aussi un
passeur culturel selon Zakartchouk (1999)[6]. C’est-à-dire
qu’il accompagne l’élève dans son appropriation et sa construction de la
culture.
Personnellement, je crois que mon
enseignement reflètera d’avantage un type de rapport instrumentaliste. C’est un
style auquel se prête mieux l’enseignement des mathématiques. Il est plus
difficile de lancer un débat ou de grandes réflexions à travers cette matière,
même si ce n’est pas impossible.
Dans
mon premier schéma (voir Annexe 1), on reconnait davantage un rapport à la
culture de style scolaire. En effet, la «culture» est presque totalement
dissociée du rôle de l’enseignant dans le développement culturel. De plus, «transmet
la culture» et «met les élèves en contact» sont des branches qui ne
sous-entendent pas de participation de l’élève à ses apprentissage. Toutefois,
la branche «Stimuler la curiosité des jeunes» tend vers une conception plutôt
intégrative-évolutive de la culture. En effet, l’élève est en partie
responsable de la construction de sa culture. Le but est de l’impliquer dans
ces apprentissages.
Mon
premier schéma intégrait implicitement les notions de culture première et
seconde. La culture première correspondait à la « culture générale »
et à « l’identité d’une société ». J’ai modifié ce lien dans mon
nouveau schéma (voir Annexe 2) afin d’expliciter les concepts de culture
première et seconde. J’ai aussi lié la culture seconde à la culture générale,
car la culture seconde finit par faire partie de la culture première.
Transmettre
la culture seconde aux élèves fait partie du rôle de l’enseignant et ce lien
était aussi sous-entendu dans le schéma de départ. Ce concept est aussi mieux
identifié dans le nouveau schéma. Le second schéma intègre aussi les notions de
« passeur culturel », de culture « objet » et de culture en
tant que « rapport ».
Pour
bonifier ma culture et ainsi offrir un enseignement de meilleure qualité, je
devrai sans cesse m’informer. Je dois garder mes connaissances à jour, car la
culture est dynamique et en constante évolution. Pour ce faire, je pourrai
exploiter mes ressources TIC déjà répertoriées ainsi que celles de mes
collègues. Je connais aussi quelques revues mathématiques telles que Accromath,
Mathematics Teacher ou Cosinus. Je crois que de tels périodiques sont une bonne
façon d’enrichir ma culture, car l’information y est récente, fiable et
pertinente. Bien sûr, suivre l’actualité grâce aux journaux en ligne est aussi
une bonne façon de rester cultivée.
Pour
conclure, ma conception de la culture a bien changée en peu de temps, mais ce
n’est que le début. Je devrai continuer de faire évoluer, non-seulement ma
culture personnelle, mais aussi ma conception de la culture et, éventuellement,
la façon de l’intégrer à mon enseignement. En plus de contextualiser la matière
et de la rendre intéressante aux élèves, la culture peut être un outil de
compréhension. En effet, dans le cadre du cours PSP-100, j’ai appris que lier
une nouvelle matière aux connaissances antérieures de l’élève (soit sa culture
première) l’aide à la comprendre et à la retenir. Il n’y a donc que du positif
à cultiver une culture riche et à l’intégrer à l’enseignement!
BIBLIOGRAPHIE
[1] [2] [3] Simard, D. (2002). Comment favoriser une approche culturelle
de l’enseignement? Vie pédagogique,
124 septembre-octobre, p.5-8
[4] [5] Gauthier, C. (2001) Former des pédagogues cultivés. Vie pédagogique, 118 février-mars, p. 24 Simard,
D. Falardeau, É. Émery-Bruneau, J. et Côté H. (2007) En amout d’une approche
culturelle de l’enseignement : le rapport à la culture. Revue des sciences de l’éducation, Vol.
33, no 2, p.287-304. [6]
Zakhartchouk,
J.M. (1999) L’enseignant, passeur
culturel. Paris : ESF éditeur (1ère édition)
Logiciel cmaptool téléchargé à l’adresse http://cmap.ihmc.us/download/.
[4] [5] Gauthier, C. (2001) Former des pédagogues cultivés. Vie pédagogique, 118 février-mars, p. 24
Logiciel cmaptool téléchargé à l’adresse http://cmap.ihmc.us/download/.
Bonjour,
RépondreEffacerJe dois dire que ton sous-titre m’a fait sourire. Ça m’a donné le goût de te lire! D’ailleurs, la réflexion que tu nous offres ici est très bien écrite et agréable à suivre. Tu présentes ton premier schéma sous l’optique des améliorations que tu lui as apportées, ce qui nous introduit à ta nouvelle conception de la culture.
J’ai toutefois été un peu surprise par ton expression «arracher les élèves à leur culture première». Je comprends ce que tu voulais dire, mais je proposerais une petite nuance. Dans ma vision des choses (qui me vient de ce que j'ai retenu du cours de didactique des sciences et technologies avec Rania El-Bilani à la session d'automne 2013), l’enseignant apprivoise la culture première de l’élève, crée un déséquilibre mesuré afin d’amener les élèves à remodeler cette culture initiale, à se poser des questions et à graduellement intégrer la culture seconde. Qu’en penses-tu? Mais j’aime que tu parles par la suite de la diversité des élèves et du rôle de l’enseignant d’en prendre connaissance.
Enfin, ce qui m’a marquée le plus dans cette belle réflexion, c’est ta touche personnelle sur ton enseignement futur. Tu estimes qu’il aura un rapport à la culture de type instrumentaliste en raison de la matière que tu enseigneras. C’est vrai que les occasions de «s’approprier» les mathématiques semblent difficiles à trouver, tu as bien ciblé une difficulté. Toutefois, la lecture de ta réflexion me laisse enthousiaste! Tu es parvenue à susciter ma réflexion.
Bon travail!
Jessica F.
Bonjour Marianne,
RépondreEffacerTu nous offres un tour guidé "clef en main" du concept de culture, et tu le fais très bien. C'est intéressant que tu te sois prêtée au jeu d'évaluer ton premier schéma et que tu l'aies simplement ajusté avec les nouvelles donnes. En lisant ta critique, il y a deux passages qui ont suscité des réactions chez moi. D'abord il y a la phrase: "La tâche de l’enseignant est donc d’arracher les élèves à leur culture première et de transmettre cette fameuse culture seconde.", elle m'apparait d'un autre temps. Autrefois, lorsque les occasions de sortir du village étaient inexistantes, sur les épaules de l'enseignant reposait tout le poids de faire connaitre le monde extérieur et il rencontrait beaucoup de résistance. Aujourd'hui, nombreux sont les élèves qui voyagent, qui échangent avec des gens de partout dans le monde sur divers sujets, qui ont une vie culturelle active avec leurs parents, leurs amis... Certains seront plus cultivés que nous adultes! Cependant, il restera sûrement quelques élèves plus démunis qui vivront plus difficilement ou avec soulagement la distanciation d'avec leur culture première (comme dans la chanson La bonne pomme des Cowboys fringants) mais l'enseignant ne devra rien brusquer afin de laisser le temps à ces élèves de faire leur choix. Ensuite le deuxième passage: " Le rôle de l’enseignant est donc aussi « [d’] entrer en relation avec eux pour qu’ils établissent un nouveau rapport au monde, à eux-mêmes et à autrui et deviennent des êtres cultivés", me confronte. Pour moi, il n'y a pas de doute, l'enseignant participe à la construction de ce nouveau rapport mais en est-il l'auteur ? est-ce lui qui le provoque ? L'élève, chaque fois qu'il se retrouve hors de sa zone de confort, est obligé de s'ajuster (d'établir un nouveau rapport) et ce n'est pas une situation qui arrive exclusivement à l'école en présence d'un enseignant. Selon moi, la plupart des élèves évoluent culturellement autant à l'extérieur de l'école qu'à l'école et c'est en le considérant que l'enseignant saura où il est possible de mener chacun d'eux en tant que passeur culturel.
Tu t'es beaucoup impliquée dans ta réflexion, c'est vraiment agréable pour nous lecteurs, il n'y a pas de place pour l'indifférence. Beau travail!
Isabelle Rioux
Bonjour Marianne,
RépondreEffacerTout d'abord, je dois te dire que tu as passé une bonne partie de ton texte sur un élément dont je n'avais même pas pensé à aborder dans mon texte et je dois t'avouer que cet élément procure au texte une facette très intéressante et qui facilite grandement la continuité de la lecture. De plus, j'aime vraiment ta manière d'expliquer ce que consiste le rapport de type intégratif-évolutif pour toi. Lorsque tu expliques que l'élève doit construire sa propre culture et non d'assimiler la culture de quelqu'un d'autre, comme dans les autres types de rapport, on peut voir que tu as très bien expliqué ce type de rapport. Par ailleurs, tu as ajouté que le rôle de l'enseignant n'est pas le même selon le type de rapport, c'est-à-dire qu'il peut aider l'élève à développer sa propre culture (intégratif-évolutif) ou bien il peut transmettre sa propre culture (instrumentaliste). Cet élément ajoute du poids dans ton texte et je suis totalement en accord avec toi. Pour finir, je trouve que tu as trouvé le meilleur moyen de mettre à jour sa culture, soit de s'informer toujours et cela jusqu'à la fin de nos jours!
Bravo pour ton travail de qualité.
Max-Antoine